Après la Saint-Valentin, c¹est maintenant au tour de «Achoura»! Il n¹y a pas que les amoureux qui auront droit à une fête cette semaine. Le lundi dernier, c¹était pour les amoureux et le samedi prochain ce sera au tour des enfants. Mais cet événement à caractère très spécial, «Achoura», et qui associe feu et eau, ne fait pas que des heureux.
Le Maroc célèbre, le samedi prochain (10 Moharram), l¹Achoura; une fête qui est perçue, depuis des siècles, comme étant celle de l¹enfance.
Très attendue par les petits, et dans une moindre mesure par les grands, elle donne lieu à de divers rites célébrés en grandes pompes.
Au cours de cette journée, le rituel est classique: les enfants donnent libre cours à leur joie et les grands ont l¹occasion de faire des brins de causette tout en sirotant du thé et se régalant d¹un couscous au «gueddid» (viande séchée de Aïd El Kébir).
Les foyers marocains achètent des noix, des amandes, des figues sèches et des dattes et font brûler de l¹encens tout au long de leurs veillées.
Cette coutume a, cependant, tendance à disparaître progressivement et certains parents se contentent d¹acheter des jouets en la circonstance.
Jadis, les «derboukas», «bendirs» et «taârijas» étaient les seuls joujoux offerts. Aujourd¹hui, ce sont plutôt les poupées, puzzles, trompettes, tambours, pistolets à eau, «pétards» et jeux vidéo qui ont tendance à l¹emporter.
Ainsi, au-delà de sa dimension religieuse, «Achoura» est aussi une affaire de commerce. Presque tous les marchands se convertissent en vendeurs de jouets pour la circonstance.
De même que les couturiers, de leur côté, se frottent bien les mains à la venue d¹Achoura, du moment qu¹ils trouvent l¹occasion d¹écouler un stock restant de djabadors, caftans, djellabas… pour enfants.
Par ailleurs, malgré l¹interdiction et le danger liés à la vente des pétards, le commerce de ces produits va bon train. Ils sont vendus en cachette. «C¹est ce que demandent les enfants», se justifie un vendeur dans une kissariat.
Pour les autorités, il n¹y a pas moyen de contrôler cette pratique d¹autant plus qu¹elle prolifère à la veille de chaque fête religieuse. «Le meilleur moyen de prévention des risques est la sensibilisation des enfants, des parents et des marchands», ajoute-t-on.
En effet, les risques sont incommensurables. Un pétard utilisé par un enfant peut lui être fatale ainsi que pour les passants.
Extinction des feux
Le lendemain de l¹Achoura, jour de «Zem-Zem», les enfants disposent d¹une liberté exagérée pour asperger voisins, amis et passants. Ils vadrouillent dans les rues à la recherche d¹une victime et «paf» le coup est parti.
Pistolets à eau, bombes à eau, sacs et ballons de plastique, seaux… tous les récipients sont mobilisés pour l¹événement.
Mais il existe toutefois un danger. Karima, 23 ans, nous a déclaré que lors du «zem-zem» de l¹année dernière, elle a reçu en plein figure, une bombe à urine et ¦uf à la place de l¹eau. Et d¹ajouter qu¹elle s¹estime heureuse que ce ne soit pas du Javel ou, pire, un produit dangereux tel que l¹acide nitrique.
Malheureusement, c¹est bel et bien arrivé à Hadia. Cette femme de ménage qui sortait pour faire les courses le jour même a eu la malchance de tomber sur des enfants insouciants et inconscients qui n¹ont pas hésité à lui flanquer en plein visage un seau qui contenait, en plus de l¹eau, de l¹acide nitrique. Le liquide lui est rentré directement aux yeux, et la conséquence était catastrophique. Le mal étant déjà fait, les parents des enfants n¹ont que des excuses. Un tel malheur aurait pu être épargné si les parents prenaient le soin de surveiller un peu plus leurs enfants.
Meyssoune Belmaâza