Laïla Lalami, une journaliste à Al Bayane dans la décennie 90, vient de publier, au mois d¹octobre aux Etats-Unis, un livre intitulé «Hope and Other Dangerous Pursuits», édité par les Editions Algonquin.
Depuis, les chaînes de télévision s¹arrachent l¹auteur, devenue une grande vedette. Les librairies des grandes villes américaines se ruent également au pilori pour accueillir l¹auteur invitée à une lecture, ouverte au public, afin de promouvoir davantage le livre. A cette occasion, nous avons réalisé un entretien avec Laïla Lalami.
Q : Pourquoi écrire sur l¹immigration? Est-ce un sujet d¹actualité ou tout simplement parce que cela vous touche personnellement?
R : Un peu des deux. Etant marocaine, j¹ai vécu dans un monde où l¹émigration fait partie de la vie quotidienne, et donc c¹était quelque chose qui m¹a toujours intéressée. D¹un autre côté, je suis moi même devenue immigrée, aux Etats Unis, après avoir terminé mes études de doctorat. C¹est donc un sujet très personnel. Lorsque j¹ai commencé à lire des rapports de presse sur les «harragas», j¹ai pensé écrire une nouvelle, mais au bout de plusieurs mois de travail, je me suis rendu compte que j¹en devais faire un livre.
Q : Vous n¹êtes pas la première à vous pencher sur ce sujet. Qu¹est-ce que vous apportez de plus à cette épineuse problématique?
R : L¹émigration a évidemment été un sujet de choix pour les opérateurs marocains dans le champ culturel. Non seulement dans la littérature bien sûr, mais aussi dans le cinéma, la musique et la photographie. Quant à ce que j¹apporte de différent, c¹est plutôt aux lecteurs d¹en juger. J¹ai simplement essayé d¹écrire l¹histoire de
quatre personnages marocains qui ont pris la décision d¹immigrer. J¹ai essayé de leur donner une voix, de vivre un peu avec eux leur choix.
Q : Vous attendiez-vous à ce que le livre soit très
bien accueilli par les critiques américains?
R : Pas vraiment. Avant la publication de mon livre, on m¹avait dit toutes sortes de choses. Par exemple, que le public américain ne serait pas intéressé, ou que les livres avec des personnages non-américains n¹auraient aucun succès, etc. Mais au contraire, la réaction a été très positive, tant parmi les critiques littéraires (comme le Washington Post) qu¹avec le public.
Q : Est-ce facile pour une Marocaine installée aux Etats Unis de percer dans le domaine de la publication et de la littérature?
R : Il est très difficile de percer dans ce domaine, quelle que soit la nationalité. Les maisons d¹éditions sont submergées de manuscrits et les médias accordent moins d¹attention aux livres qu¹aux autres formes
d¹art. Mais bien sûr avec assez de persévérance, de talent, et un peu de bonne chance, il est possible dese faire une place.
Propos recueillis par Saâdia Alaoui