Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, en visite au Caire, veut mettre le Hamas au pied du mur, demandant au mouvement de résistance islamique la reconnaissance d’Israël et la fin de la violence avant de l’appeler à former le nouveau gouvernement.
Le chef des services secrets égyptiens, Omar Souleiman, a annoncé mercredi que le leader palestinien formulerait ces exigences au vainqueur des élections législatives palestiniennes, à l’issue d’une rencontre entre M. Abbas et le président égyptien Hosni Moubarak, qui a également rencontré la ministre israélienne des Affaires étrangères Tzipi Livni.
Le président de l’Autorité palestinienne s’entretiendra vendredi à Gaza avec une délégation du Hamas sur la formation du gouvernement, a indiqué le chef de la délégation palestinienne auprès de la Ligue Arabe, Mohammed Sobeih.
En provenance d’Amman, où il s’est entretenu mardi avec le roi Abdallah II, M. Abbas a aussi rencontré au Caire le secrétaire général de la Ligue Arabe, Amr Moussa.
Une délégation du Hamas a quitté mercredi la bande de Gaza à destination de l’Egypte, première étape d’une tournée arabe, a indiqué un responsable au terminal frontalier de Rafah. La délégation est composée de Saïd Siam, Mohammad Shamaa et Nizar Awadallah, trois responsables politiques du mouvement de résistance. Le porte-parole de la présidence égyptien, Suleiman Awad a réitéré mercredi l’appel de l’Egypte pour l’unification des rangs palestiniens, après la victoire éclatante du Hamas aux législatives.
Le Hamas fait fi des pressions étrangères croissantes en faveur d’un changement de son attitude envers Israël, mais a laissé entendre qu’il s’efforcerait de nommer des techniciens au sein du nouveau gouvernement palestinien, afin que la communauté internationale l’accepte plus facilement.
Ismaïl Haniyeh, qui a été tête de liste aux législatives remportées haut la main par le Hamas le 25 janvier, a rejeté mercredi le dernier appel en date de George Bush en faveur d’un désarmement de son mouvement, et a condamné la suspension par Israël du reversement automatique à l’Autorité palestinienne des taxes et droits de douanes que l’Etat juif perçoit en son nom aux frontières des territoires palestiniens.
A l’extérieur de ce bâtiment de trois étages transformé en Q.G improvisé du gouvernement Hamas en gestation, des partisans de Haniyeh, mi-sérieux, mi-plaisantant, lui donnent d’ores et déjà du « Monsieur le Premier ministre », bien qu’il paraisse peu probable que ce poste lui revienne.
Haniyeh n’a d’ailleurs pas exclu que le prochain Premier ministre palestinien ne soit pas issu des rangs du Hamas, ce qui serait à même d’apaiser les pressions internationales exercées sur les Palestiniens.
Certains diplomates ont déclaré que le Hamas pourrait même s’accommoder d’un gouvernement dirigé par des techniciens dans la mesure où ceux-ci ont le feu vert du mouvement. Le président palestinien Mahmoud Abbas, modéré soutenu par Washington, contrôlerait le processus de paix avec Israël.
Considéré comme l’un des dirigeants les plus pragmatiques du Hamas, Haniyeh, âgé de 42 ans, devrait jouer un rôle déterminant dans la mise au point de la composition du prochain gouvernement. De source palestinienne, on indique qu’il pourrait rencontrer Abbas à Gaza dès ce week-end.