L a question des caricatures offensantes du Prophète Sidna Mohammed prend des proportions inattendues, sachant que leur publication pour la première fois remonte à plus de trois mois. Tant que les réactions à travers le monde musulman étaient réfléchies et se limitaient à la critique, les choses étaient normales. Mais voilà que tout le monde s¹en mêle et que l¹affaire devient planétaire avec, d¹un côté les médias occidentaux qui, sous couvert de la défense de la liberté de la presse, enfoncent le clou en en faisant une question de principe, tandis que de l¹autre, des milieux plus ou moins bien intentionnés s¹en saisissent pour essayer de régler leurs comptes avec «l¹Occident». Certains trouvent là une aubaine pour stigmatiser toutes les sociétés occidentales en jetant la responsabilité de ce qui est arrivé sur l¹Union européenne, les gouvernements des pays où la presse a publié les caricatures, et vont même jusqu¹à proférer des menaces à l¹encontre de leurs ressortissants et de leurs entreprises commerciales.
Cette escalade, qui vise pour certains à accréditer la théorie du choc des civilisations, cher aux intégristes des deux bords, n¹est pas de bon augure et ne peut mener qu¹à l¹exacerbation des passions et des ressentiments et des incompréhensions. Le monde musulman ne doit pas se laisser entraîner dans les voies sinueuses semées de haine et de violence au moment où il doit faire face aux défis de la démocratisation et du développement, en évitant de considérer que tout ce qui se trouve en Occident lui est hostile. Car telle est la thèse favorite des théoriciens de l¹extrémisme islamiste qui sautent sur l¹occasion présente pour dénigrer les valeurs de tolérance et de coexistence entre les peuples de religions et de cultures différentes et forcément non identiques. Si débat il doit y avoir, il doit rester digne et ne pas faire l¹amalgame qui consisterait à mettre tout l¹occident dans le même sac.
Au lendemain des attentats criminels du 11 septembre, nous avons été les premiers à mettre en garde contre la stigmatisation du monde musulman pour la simple raison que les auteurs des attaques de New York étaient de confession musulmane. Nous ne pouvons que condamner la tentative de vouloir assimiler tous les musulmans à des terroristes et de kamikazes. Raison pour laquelle nous appelons à la réciprocité.
Il faut donc rechercher un retour au calme, d¹un côté comme de l¹autre, et axer les efforts sur les vrais problèmes qui se posent à l¹humanité et notamment ¦uvrer à la résolution du conflit israélo-palestinien dont est victime le peuple palestinien, conflit qui, lui, menace réellement la paix mondiale.