L¹organisation de la 12-ème édition du Salon international de l¹édition et du livre de Casablanca confirme la place de choix qu¹occupe encore le livre imprimé dans les c¦urs et l¹esprit des gens, malgré l¹existence d¹autres moyens plus simples et plus faciles de diffusion de la connaissance.
Si le livre, qualifié par l¹un des écrivains de «meilleur compagnon», occupe encore ce grand espace dans les préoccupations culturelles et épistémologiques, tous les indices montrent que l¹ère du livre n¹est pas révolue et la vague de l¹informatique et de l¹Internet n¹a pu le mettre à la retraite, tant que sa vie se renouvelle à chaque instant comme le phénix qui renaît de ses cendres.
La pérennité du livre est due au fait qu¹il constitue le berceau de la civilisation, préserve la mémoire collective des nations et contribue même à cerner les contours de l¹avenir. Compte tenu de l¹impact des mots sur la vie des gens positivement ou négativement, les livres ont été incinérés et philosophes et écrivains ont été torturés. L¹histoire relate qu¹en raison de cette importance, les livres et leurs auteurs étaient, de tous temps, honorés et occupaient de hauts rangs dans la société.
Certains livres, devenus des références, ont laissé des traces indélébiles et influencé des hommes politiques, des penseurs et des chercheurs tels que «Le Prince» de Machiavel, «La Moukaddima» d¹Ibn Khaldoun, et «Al Aghani» d¹Ibn Al Faraj Al Asfahani.
Vu cette importance aussi, les décideurs en matière de culture et les concernés par la chose culturelle déploient des efforts considérables pour la protection des manuscrits et leur impression. Dans nombre de pays, des bibliothèques se chargent de la conservation des livres à l¹image de la bibliothèque du Congrès américain, qualifiée de la plus grande dans le monde par le nombre impressionnant de livres qu¹elle recèle dans tous les domaines du savoir et de la connaissance.
Un poète a même hissé le livre au rang de «bien-aimé» et était tellement jaloux du livre qu¹il a dissuadé les gens de le prêter, estimant qu¹on ne prête pas sa «dulcinée».
L¹amour et la passion du livre n¹ont jamais été étranges aux Arabes et aux Musulmans, à l¹instar d¹autres nations. L¹ère abbasside, par exemple, avait connu une révolution sans précédent en matière de diffusion et de traduction des livres dans les différents domaines, au point que certains traducteurs percevaient, comme indemnité de traduction de livres grecs ou romains, leur poids en or.
C¹est ainsi que les principales bibliothèques arabes s¹étaient enrichies de livres de philosophie, d¹architecture, de mathématiques, de médecine, de sciences naturelles, d¹astronomie, de littérature et d¹histoire.
Au Maroc, l¹existence de bibliothèques et de librairies, bien que peu nombreuses, l¹organisation de salons, la signature de livres, la tenue de manifestations sur la lecture et la réservation de prix aux auteurs, sont autant de facteurs qui pourraient reconsidérer la place du livre à un moment où tout le monde se gargarise du manque du lectorat et du déclin du livre.
L¹espoir réside dans les perspectives de la lecture et de l¹écriture, qui connaîtront certainement un saut qualitatif après l¹achèvement du projet de bibliothèque nationale et la consolidation de l¹action de lutte contre l¹analphabétisme.
En attendant, le livre reste le meilleur compagnon et l¹ami incontournable quel que soit le développement des moyens de propagation de la connaissance.
Abdellatif El Jaâfari