Une bonne partie du quai du port des nouvelles à lire de Larache s’est effondrée samedi dernier, tard dans la soirée. Heureusement il n’y a pas eu de victimes. Une ceinture du quai, haute de trois mètres, s’était abattue sur la flotte, sur une longueur de plus de 12 mètres. Le port de pêche se trouve aujourd’hui sous une grave menace.
Ce quai, bâti dans les années cinquante du siècle dernier, a subi l’usure du temps et la loi du non-respect des normes de construction et de rénovation.
Les autorités portuaires étaient conscientes du danger que courait cette fondation. Un jour avant l’effondrement, une barrière de sécurité a été heureusement mise en place. C’est ce qui a d’ailleurs fait éviter des pertes en vies humaines. Le constat des experts est venu, hélas, tardivement, alors que les habitués du port de pêche n’avaient cessé d’attirer l’attention des autorités.
Selon des sources locales, la raison essentielle de cette chute remonte à une quinzaine d’années. Une société étrangère avait été sollicitée pour faire des réparations et une extension dans la partie orientale du port de pêche.
Mais au lieu de procéder à des travaux en profondeur et selon les nouvelles normes, la dite société s’était contentée de replâtrages. Les solides piliers de béton, d’une hauteur de 16 mètres et dont la construction remonte au début de la colonisation espagnole, ont été tout simplement enlevés alors qu’ils supportaient plusieurs édifices (magasins, marché du gros, bâtiment administratif, etc).
Le comble de la bêtise est que les autorités portuaires de l’époque étaient présentes lors de l’enlèvement des piliers, alors qu’aucune étude préalable n’a été réalisée pour la circonstance…
Aucune mesure préventive n’a été prise. On ne sait pas s’il s’agissait d’une question budgétaire ou de détournements dans l’enveloppe consacrée à la rénovation du port.
Mais, chose plus grave encore, le fait qu’en 2005, les nouvelles autorités portuaires ont entamé l’extension du port commercial, situé au nord, sans se soucier de cette partie qui était condamnée à l’effondrement. Et ce malgré le dépôt d’une plainte contre ce risque.
Une première conséquence de cette chute est le transfert de la halle au poisson. Ce qui va aggraver l’évasion fiscale et fortifier le marché noir et affaiblir les rentrées en devises. Déjà, selon des sources locales, le chiffre réel du marché de poisson est nettement plusieurs fois supérieur à celui officiellement déclaré.
D’où l’urgence d’une enquête sur tous ces faits rapportés et d’une rapide prise en main de la reconstruction du port selon des normes de sécurité performantes.
Car le port de Larache est l’un des plus importants dans la région du Nord et connaît une activité commerciale et sociale qui contribue à la lutte contre le marginalisation de la ville et de la région.
DNES à Larache : M. Allali et B. Sadhoumi