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Course contre la montre pour vaincre la crise cardiaque

La semaine dernière, un groupe d¹éminents cardiologues et urgentistes ont procédé au coup d¹envoi d¹une large campagne de sensibilisation contre l¹infarctus du myocarde, appelé communément «crise cardiaque». Sous le thème «stop à l¹infarctus, chaque minute compte !», cette initiative compte se poursuivre tout au long de l¹année.
L¹infarctus du myocarde cause la mort de centaines de Marocains chaque jour. Selon le Dr Chérif Abdelkhirane, cardiologue interventionnel, «l¹infarctus est une occlusion, qui survient d¹une façon aiguë, d¹une artère nourricière du muscle cardiaque, qui a besoin d¹oxygène, de sucre et de tous les nutriments pour pouvoir fonctionner et développer l¹énergie pour assurer la fonction de pompe et, d¹une façon subite, l¹artère est bloquée par un caillot en général. En conséquence, il y a mort de tout ce qui est en aval de cette artère.»
Considéré comme la première urgence cardiologique au Maroc, l¹origine de cette pathologie demeure l¹athérome coronaire dont la formation est due à de nombreux facteurs de risque cardio-vasculaires tels que la tabagisme, l¹hypercholestérolémie, le diabète, l¹hypertension artérielle, le stress, la sédentaritéŠ
Concernant les symptômes, le Pr Ahmed Bennis, professeur de cardiologie et chef du service de cardiologie CHU Ibnou Rochd à Casablanca, a rappelé que le patient manifeste une douleur intense et angoissante au milieu du thorax qui avance vers le bras gauche et les mâchoires, son visage devient pâle et il sent une grande fatigue et un essoufflement. Pour les diabétiques, ces symptômes vont être accompagnés par d¹autres plus indolores.
Aussi, une intervention dans les premières heures s¹avère primordiale pour un traitement efficace de l¹infarctus. Le patient est ainsi appelé à s¹adresser au service d¹urgence de cardiologie le plus proche où il sera soumis à un traitement pour libérer le passage du sang dans l¹artère coronaire bouchée.
Au Maroc, ce type de maladie est légion. Le Dr Abdelkhirane précise que 52% des patients arrivent notamment d¹Oujda, d¹Agadir, de Marrakech ou de Fès. Automatiquement, ils accusent un énorme retard. Faute d¹un transport sanitaire adéquat, d¹une infrastructure terrestre pour exécuter le transfert, les malades ne peuvent pas être sauvés à temps. Aussi, a-t-il ajouté, il y a le problème de croyances et d¹analphabétisme, qui font que les patients ne prennent pas la crise cardiaque au sérieux. «Nous avons réalisé une étude sur à peu près 5700 patients, et 80% arrivent déjà en infarctus du  myocarde, avec un délai  moyen de 110 heures, c¹est-à-dire cinq jours, tout en sachant que la cellule myocardique meurt au bout de 6 heures. Uniquement 20% viennent pendant les douleurs, avant que l¹infarctus ne se fasse son apparition. Pour avoir un élément comparatif, à l¹Institut du C¦ur de Montréal, ce sont 20% qui se présentent en infarctus alors que les 80% le font avant.», a-t-il relevé. Ainsi, le Dr. Abdelkhirane insiste beaucoup sur l¹importance du facteur temps dans la réussite de l¹intervention. Il faut que le patient arrive juste après les premiers sentiments de douleur pour permettre de sauver le muscle cardiaque et d¹en réduire la nécrose ou mort, affirme-t-il.
Au Maroc, seules quelques villes disposent d¹unités capables de prendre en charge un infarctus du myocarde en phase aiguë. Rabat, Casablanca et Marrakech sont dotées des deux techniques de perfusion : thrombolyse et angioplastie. A Oujda, Agadir et Fès, la thrombolyse est pratiquée.
Concernant la capitale économique, le Pr. Housine Louardi, chef du service d¹accueil des urgences (SAU) CHU Ibn Rochd Casablanca et Doyen de la Faculté de Médecine et Pharmacie de Casablanca, a souligné que les services d¹urgences à l¹hôpital Ibn Rochd accueillent au moins trois cas d¹infarctus par jour. Cependant, il a mis en exergue certains dysfonctionnements. Il s¹agit en fait, selon lui, du manque de rapidité dans la prise en charge des cas d¹urgences ainsi que l¹absence du produit principal de traitement au niveau du secteur public. Aussi, il a insisté sur l¹importance de soumettre les médecins urgentistes à une formation en la matière.

Meyssoune Belmaâza

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