L’alimentation biologique fait figure de refuge aux yeux des consommateurs. Actuellement, les superficies consacrées dans le monde entier à l’agriculture biologique sont de 22 millions d’hectares.
La propagation des organismes génétiquement modifiés et l’utilisation des pesticides font peur au consommateur. Les études menées ici et là attisent, pour leur part, les craintes. L’une d’entres elles (la dernière en date) commanditée par la Commission Européenne, stipule ni plus ni moins » qu’aucune amélioration n’est constatée depuis six ans quant à la présence de résidus de pesticides dans les fruits et légumes en Europe « . Suite aux conclusions de cette enquête, l’Union envisage le retrait en 2003 d’environ 60% des substances qui étaient sur le marché en 1993. C’est dire qu’il y a le feu en la demeure compte tenu des effets néfastes de ces produits pour la santé (cancers, fertilité masculine, troubles du système endocrinien).
Dans ces conditions, l’alimentation biologique fait figure de refuge aux yeux des consommateurs. Pour preuve la demande mondiale explose et l’offre s’étend à des produits de plus en plus élaborés; les innovations se multiplient et des marques à forte notoriété émergent. De plus, le marché qui a longtemps été animé par un grand nombre de petites entreprises artisanales, très spécialisées commence à se restructurer et des entreprises de plus grande taille commencent à voir le jour.
Actuellement, les superficies consacrées dans le monde entier à l’agriculture biologique sont de 22 millions d’hectares répartis entre l’Australie (10,5 millions d’ha), l’Argentine (3,2 millions d’ha), l’Italie (1,2 million d’ha), l’Allemagne (632.000 ha) et la France (420.000 ha). Et le marché mondial des produits bio est, par ailleurs, estimé entre 246 et 267 milliards de dirhams (24,6 à 26,7 milliards d’euros).
Au Maroc, les superficies réservées à ces produits restent très limitées mais connaissent une progression significative dopée par l’appel d’un marché de plus en plus demandeur, plus particulièrement celui européen. A titre indicatif, ces superficies étaient lors de la précédente campagne de 642,5 ha, répartis entre Agadir (301,5 ha), Marrakech (248 ha), Meknès (60 ha) et Béni Mellal (27 ha) alors que le reste est éparpillé sur d’autre régions.
Par ailleurs, les exportations du pays n’ont pas cessé d’augmenter ces dernières années. Elles sont passées de 460 tonnes en 1995-1996 à plus de 5.000 tonnes en 2001-2002. Durant la campagne 2002-2003, le pays a écoulé sur les marchés étrangers près de 3.672 tonnes dont près de 80% de primeurs et 20% d’agrumes. Les régions du Souss et du Centre se partagent ces exportations avec respectivement 86% et 14%. Le potentiel d’exportation reste, cependant, impressionnant.
Le marché local n’est pas en reste. « Le bio a toutes les chances de percer et d’agrandir sa part de marché au Maroc », indiquent les spécialistes. Plus particulièrement si l’on parvient à relier le « beldi » au bio, poursuivent-ils. La tendance aura sans doute toutes les chances de se pérenniser.
Il n’en reste pas moins que pour développer l’agriculture biologique, le Maroc doit impérativement résoudre plusieurs problèmes, notamment le manque d’intrants biologiques (semences,…), le déficit en techniciens spécialisés et l’inorganisation du circuit à l’exportation notamment.
Autre problème, le pays ne dispose pas jusqu’à aujourd’hui d’une législation spécifique à cette activité. Les agriculteurs sont en attente d’une telle législation qui viendra réglementer le secteur, comme c’est le cas pour la Tunisie ou encore l’Egypte. A l’heure actuelle, aucune réglementation, ni homologation marocaine des produits biologiques ne permet de renforcer leur légitimité sur les marchés nationaux et internationaux. Il n’y a pas non plus de cellule de travail au sein du ministère de l’Agriculture, ni même de budget spécifique pour la recherche et la vulgarisation dans ce domaine.
Il n’en reste pas moins que le pays regroupe bon nombre d’exploitations bio dont les débouchés sur le marché international permettent à certaines régions de se développer efficacement.
La culture bio c’est quoi ?
L’agriculture biologique est un ensemble de techniques très élaborées visant à assurer une production végétale et animale sans résidus nocifs, tout en préservant l’environnement (sols, nappe phréatique…) de toute pollution. L’obtention du label « agriculture biologique » obéit à un cahier des charges homologué par le ministère de l’Agriculture qui fixe les techniques à utiliser.