Le premier procès en Suisse pour propagande islamique terroriste sur Internet s’est ouvert mercredi devant le Tribunal pénal fédéral à Bellinzone, dans le canton suisse du Tessin. Les accusés sont un Tunisien et une Belge d’origine marocaine, veuve d’un des assassins du commandant Massoud.
Moez Gersallaoui et Malika El-Aroud sont notamment accusés de soutien à une organisation criminelle, d’incitation publique au crime et d’avoir aidé, par le biais de sites Internet, à la fabrication et l’emploi d’explosifs devant servir à des fins criminelles.
A 9h locales, lorsque l’audience a commencé, les deux accusés n’étaient pas là. Le tribunal a alors accordé un délai de 30 minutes au couple qui a fini par arriver. La femme portait un voile noir.
Cette affaire a eu des échos à l’échelon international car l’accusée, âgée de 49 ans, est la veuve d’un des deux hommes qui avaient tué le commandant afghan Ahmed Shah Massoud, deux jours avant les attentats terroristes du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.
Cette femme, qui passe pour une salafiste convaincue, gérait sa propre page Internet appelant à la guerre sainte quand elle vivait en Suisse. Rentrée en Belgique en 2006, elle était depuis interdite d’entrée en territoire helvétique. Elle est mariée, selon les rites islamiques, au principal accusé, un Tunisien de 39 ans, domicilié à Guin, dans le canton suisse de Fribourg.
Ce dernier a exploité plusieurs sites Internet avec forums de discussion qui ont été utilisés, avec son accord, comme «vecteurs de l’information par des groupes terroristes», selon l’accusation. Il lui est reproché d’avoir utilisé ces sites en vue de favoriser la propagande de la violence interraciale et d’inciter à la haine et à la violence interraciale.
Le site du Tunisien a aussi diffusé des images et des séquences filmées d’exécution et de mutilation d’êtres humains. La femme est accusée d’avoir conseillé, inspiré, encouragé et aidé son époux dans son entreprise criminelle.
L’enquête avait conduit à leur arrestation le 22 février 2005. Le Tunisien a passé 23 jours en détention préventive et la femme dix jours. Le procès est prévu sur deux jours au maximum et le jugement devrait être rendu ultérieurement. AP