L¹une des deux candidates koweïtiennes qui, pour la première fois de l¹histoire de leur pays, concouraient à une élection municipale, a obtenu mardi la 2ème place, laissant une victoire attendue à un homme qui bénéficiait du soutien de la plus grande tribu des Bédouins du Koweït, Youssef al-Suwaileh.
Suwaileh, solidement appuyé par la tribu Awazem, a été élu avec 5.436 voix à l¹élection municipale organisée dans le district de Salmiya, situé à environ 15 kilomètres au sud-est de la capitale, tandis que Jenan Bouchehri, qui a été la première Koweïtienne à annoncer sa candidature à un mandat public, réussissait à obtenir, contre toute attente, 1.807 voix.
La 2ème femme candidate, Khaleda al-Khader, n¹a obtenu que 79 voix, arrivant à la dernière place des huit candidats.
Six des huit candidats appartenaient à la minorité chiite, dont les deux femmes.
Selon le juge Faisal al-Khuraibet, qui a surveillé les élections, 10.646 électeurs ont voté sur un total de 28.200 inscrits, dont 60% de femmes, soit une faible participation de 38%.
La participation des femmes, qui votaient pour la première fois à des élections municipales, était encore plus faible, d¹environ 30%, selon des chiffres officieux.
Mme Bouchehri, une femme de 33 ans, mère de deux filles, est titulaire d¹un master en ingénierie chimique et prépare une thèse de doctorat tout en dirigeant le service du contrôle alimentaire de la municipalité de la ville de Koweït.
«Je suis très fière de moi et de l¹équipe qui a travaillé avec moi», a-t-elle déclaré à l¹AFP après l¹annonce des résultats. «Je suis très fière de faire partie de la nouvelle ère du Koweït qui fait participer les femmes aux élections», a-t-elle ajouté.
La deuxième candidate, Khaleda al-Khader, était médecin, titulaire d¹un doctorat en santé publique.
Mère de huit enfants, elle s¹est déclarée déçue par les électeurs qui votent selon leurs affiliations tribales ou confessionnelles et non en fonction de la compétence des candidats.
«Il est ironique que certaines électrices brandissent des posters de candidats hommes et nous ignorent», a-t-elle déclaré.
Pour ce scrutin auquel les femmes participaient pour la première fois, hommes et femmes votaient dans des locaux séparés conformément à une clause à la loi électorale introduite l¹année dernière par les députés conservateurs et islamistes.
Quinze locaux ont été consacrés aux femmes et douze aux hommes.
«C¹est certainement un moment historique pour moi. Je me suis sentie très heureuse en déposant mon bulletin dans l¹urne», a déclaré à l¹AFP Afaf Abdallah, pharmacienne.
«J¹avais participé par le passé aux élections d¹une société coopérative, mais le sentiment ici est totalement différent. Je sens que justice a été rendue aux femmes koweïtiennes», a ajouté Mme Abdallah.
Souad Ahmed, une femme au foyer âgée d¹une cinquantaine d¹années, déclare que cette journée est peut-être l¹une des plus heureuses de sa vie. «C¹est un sentiment fantastique» d¹avoir pu participer au processus démocratique, a déclaré Mme Ahmed à l¹AFP après avoir déposé son bulletin dans l¹urne.
L¹unique siège en lice dans le district de Salmiya s¹est libéré après la nomination du président du Conseil municipal, Abdallah al-Mouhailbi, au poste de ministre des Municipalités et de l¹Environnement dans le nouveau cabinet formé en février.
Le Conseil municipal, chargé notamment de la planification urbaine, est formé de 16 membres, dont dix élus et six nommés par l¹émir.
En mai 2005, les Koweïtiennes ont obtenu le droit de vote et d¹éligibilité à la faveur d¹un amendement par le Parlement de la loi électorale, longtemps bloqué sous l¹influence des députés islamistes et tribaux. Les femmes étaient privées de leurs droits civiques depuis l¹indépendance en 1961.
Elles participeront aux législatives de 2007.