Avec 10 millions d¹hypertendus, 3 millions d¹obèses 1,5 million de diabétiques, le Maroc est très exposé aux maladies du c¦ur. C¹est en l¹occurrence ce que nous avait appris le professeur Ahmed Bennis, cardiologue au CHU Ibn Rochd, dans un entretien paru dans ces colonnes. Le professeur Bennis nous a longuement parlé des maladies cardiovasculaires qui sont la première cause de mortalité dans notre pays. Six fois sur dix il s¹agit de l¹infarctus du myocarde.
Qu¹est-ce qu¹un infarctus
du myocarde ?
On désigne par infarctus du myocarde la destruction des tissus du muscle cardiaque (myocarde). Sournois et fréquent, il est la conséquence de plusieurs facteurs de risques dont : l¹hypertension artérielle, le tabagisme, le diabète, la sédentarité, l¹obésité, le cholestérol, le stress et l¹hérédité. Ce sont les véritables ennemis du c¦ur car ils entraînent le vieillissement artériel et favorisent le dépôt de graisse sur les vaisseaux. Seuls ou en association, ces facteurs peuvent faire le lit de la maladie cardio-vasculaire en bouchant les vaisseaux et provoquer un jour, un infarctus par obstruction des coronaires qui sont les artères qui alimentent le muscle cardiaque. La partie détruite du muscle ne participe plus aux contractions ni à la fonction de pompage du c¦ur.
Dans la zone de l¹infarctus il se produit, en cas de survie, un tissu cicatriciel sans aucune fonction. Si l¹infarctus est très étendu, il arrive que la partie restante du c¦ur pouvant encore travailler ne suffit plus pleinement aux besoins de l¹organisme et la performance du patient est très réduite.
Les manifestations
Les signes d¹un infarctus devraient en toute bonne logique être connus de tous et , en particulier, des sujets à risques et de leur entourage immédiat. La douleur est le plus souvent décrite comme un poids dans la poitrine, une barre posée sur le thorax ou un étau qui serre. Son intensité peut être très variable, de modérée à intolérable, et elle ne reflète en rien l¹importance de la maladie. Une douleur des mâchoires ou du bras gauche, peut parfois accompagner la douleur cardiaque. Elle peut mêmes parfois prédominer, le patient est pâle avec des sueurs froids, ressent de fortes palpitations alors que le pouls est à peine perceptible, souffre parfois de malaises et de vertiges, il perd parfois connaissance.
Plus la zone de l¹infarctus est grande, plus petite sera la masse musculaire du c¦ur encore capable de contraction, et plus vite apparaîtront les signes d¹une insuffisance cardiaque aiguë choc, avec chute de la tension artérielle et pertes de connaissance, accumulation de sang dans les poumons avec une absorption insuffisante d¹oxygène et des expectorations mousseuses ou encore des troubles graves du rythme cardiaque. Ce sont là des symptômes redoutables car ils peuvent indiquer une insuffisance cardiaque aiguë ou un arrêt du c¦ur.
Si une des branches principales d¹une artère coronaire se bouche, le patient meurt immédiatement (mort par arrêt cardiaque).
Que peut-on faire ?
La rapidité d¹intervention face à un infarctus est primordiale, d¹ou l¹importance de savoir reconnaître les signes d¹alerte. Il faudrait que le patient soit à l¹hôpital le plus vite possible au niveau des urgences ou du service de cardiologie ou dans une structure médicale (clinique), juste après les premiers symptômes, car chaque minute compte. Il faut savoir que dans d¹autres pays ou les services d¹assistance médicale urgente de type SAMU existent leur intervention est déterminante. Ils agissent sur place, en injectant au malade des médicaments capables de digérer les caillots en formation, avant de l¹évacuer à l¹hôpital en salle d¹intervention cardiovasculaire. Dans tous les cas de figure, il est vital d¹agir dans les six heures, car après le pronostic est réservé. Les meilleurs résultats sont toujours obtenus dans l¹heure qui suit les douleurs cardiaques.
Après un infarctus du myocarde, un rôle tout particulier revient à la réhabilitation et au comportement du patient pour assurer une survie à long terme. Le but consiste à donner au patient suffisamment de confiance pour éviter un nouvel infarctus. Après les traitements, on conseille au patient de suivre un programme de training individuel tout en lui indiquant comment il doit se comporter dans les mois et les années qui suivent afin de se protéger contre un nouvel infarctus.
Prévenir
Une bonne prévention contre l¹infarctus repose en premier lieu sur un style de vie adapté au risque, c¹est-à-dire à réduire les facteurs de risque de la maladie coronarienne, et à prévenir l¹artériosclérose. En pratique cela signifie:
– Poids corporel normal, une alimentation pauvre en graisses, beaucoup de fruits et de légumes
– Se donner du mouvement, exercices physiques
– Ne pas fumer
– Faire suffisamment de pauses pour se détendre
– Veiller à bien régler la glycémie, le taux de sucre dans le sang, la pression ou tension artérielle et les taux de cholestérol lorsqu¹on souffre de telles maladies.
Il faut savoir que les maladies cardio-vasculaires demandent des frais et coûtent donc assez chers. À titre d¹exemple, une coronarographie coûte 8.000 DH, une dilatation d’une artère coronaire 32.000 DH, une intervention de pontage coronaire 90 à 100.000 DH, des coûts qui ne sont pas à la portée de toutes les bourses, bien des malades meurent faute de ne pouvoir se payer de tels soins surtout quand on sait que seulement 34% de la population a une couverture sociale (AMO).