La Russie et l’Iran ont signé un accord mardi à Moscou pour une mise en exploitation de la centrale nucléaire de Bouchehr (Sud de l’Iran) en septembre 2007, a annoncé le porte-parole de l’Agence fédérale russe de l’énergie atomique (Rosatom).
« La société russe Atomstroïexport et l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA) ont signé un accord additionnel au contrat sur la construction de la centrale de Bouchehr qui prévoit le lancement de la centrale en septembre 2007 », a indiqué le porte-parole de Rosatom, Sergueï Novikov. L’accord a été signé à l’issue d’entretiens lundi et mardi à Moscou entre le chef de Rosatom Sergueï Kirienko et le vice-président iranien Gholamreza Aghazadeh, qui dirige l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, a précisé M. Novikov. Lundi, le chef de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique Gholamreza Aghazadeh a pressé la Russie d’achever rapidement le projet de centrale nucléaire de Bouchehr, menaçant de le reprendre en mains, sans la participation des Russes. M. Aghazadeh a rencontré son homologue Sergueï Kirienko pour discuter de la date de démarrage de la centrale, un projet de près d’un milliard de dollars critiqué par Washington, et de l’envoi du combustible nucléaire pour l’approvisionner.
Un adjoint de M. Aghazadeh, Mohammad Saïdi, avait auparavant annoncé que la partie iranienne comptait discuter pendant cette visite « des moyens de supprimer les obstacles existant à l’achèvement rapide de la centrale atomique ». « Bien que la Russie, à l’époque d'(Alexandre) Roumiantsev (ex-directeur de l’Agence fédérale russe de l’énergie atomique Rosatom en 2001-05 ndlr), ait donné à l’Iran un engagement écrit sur la date de l’envoi du combustible, il ne s’est pas concrétisé », a regretté M. Saïdi. M. Aghazadeh, cité par l’agence russe Ria Novosti se référant à une discussion avec des médias iraniens avant son arrivée à Moscou, s’est dit « convaincu que six mois sont suffisants pour mettre en exploitation la centrale alors que les Russes estiment qu’il faut encore un an ». « Les Iraniens peuvent achever eux-mêmes la construction de la centrale de Bouchehr si les Russes n’en sont pas capables », a ajouté le responsable iranien, cité par Ria Novosti. Rosatom estimait la semaine dernière que la centrale devait être achevée « en septembre 2007 » et commencer à produire de l’énergie « en novembre 2007 ».
« La Russie peut livrer du combustible nucléaire à l’Iran en mars prochain, six mois avant la date du lancement de la centrale en septembre », avait alors indiqué le porte-parole de Rosatom, Sergueï Novikov. La Russie a conclu avec l’Iran en 1995 un accord pour livrer la centrale nucléaire de Bouchehr (sud), mais ce projet a pris du retard, notamment sous la pression des autorités américaines. « La centrale est aujourd’hui de facto achevée, mais il faut encore apaiser les tensions dans le monde concernant le programme nucléaire iranien », a expliqué un responsable russe, sous couvert de l’anonymat.
Les Américains ne désarment pas dans leurs critiques. En avril, le sous-secrétaire d’Etat américain Nicholas Burns a encore appelé la Russie et tous les autres pays à cesser toute coopération avec l’Iran, « même en ce qui concerne les projets nucléaires civils tels que la centrale de Bouchehr ».
Mais la Russie a toujours rejeté les demandes américaines d’abandonner ce chantier, assurant que ce projet ne menaçait pas le régime de non-prolifération des armes nucléaires et qu’il était réalisé sous contrôle de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique). La Russie a notamment conclu avec l’Iran, sous la pression de Washington, un accord afin que le combustible nucléaire d’origine russe pour Bouchehr soit retourné en territoire russe une fois usagé, afin d’éviter des risques de détournement à des fins militaires.