Outre les violations graves des droits de l¹Homme au quotidien dans les camps de Tindouf, l¹histoire du «polisario» est jalonnée de purges impitoyables menées contre tous ceux qui ne partagent pas ses opinions, et dont les plus sanglantes ont eu lieu en 1974, 1977, 1982 et 1990, a souligné, M. Mustapha Bouh, ex-membre du Bureau politique du «polisario».
Intervenant lors d¹une rencontre organisée en marge des travaux du Conseil des Droits de l¹Homme (CDH), à Genève sur «les violations des droits de l¹Homme dans les camps de Tindouf au Sud de l¹Algérie», M. Bouh a fourni une anatomie détaillée sur l¹appareil répressif du «polisario», qui connaît une véritable hémorragie depuis 1988.
Soulignant que les droits de l¹Homme sont indivisibles, il a dénoncé la politique de deux poids deux mesures de certaines organisations non gouvernementales. «A Laâyoune, il y a une justice et une presse qui s¹exprime librement, qui rend compte alors que de l¹autre côté les violations sont commises dans un huis clos absolu avec des ONG complices qui font d¹un drame humanitaire leur fonds de commerce», a-t-il affirmé.
«Les populations séquestrées à Tindouf ne disposent pas de titre de voyage leur permettant de circuler librement, ni de presse libre, de juges, de tribunaux, ni d¹avocats. Ils sont confinés dans une région isolée sans aucun recours», a-t-il dit, faisant remarquer qu¹à part les dirigeants du «polisario» et leurs proches, personne ne peut circuler librement.
Il a, dans ce même ordre d¹idées, rappelé le traitement cruel et inhumain infligé pendant des années aux prisonniers marocains dans l¹indifférence de ces mêmes ONGs, malgré les tentatives multiples et soutenues d¹attirer leur attention sur ce drame.
M. Bouh a, par ailleurs, exposé différents subterfuges auxquelles le «polisario» recourt pour soutirer des fonds à ceux qui visitent les camps. «Il fait voir à chaque délégation ce qu¹elle a envie de voir. Si c¹est une délégation de religieux, il lui présente des femmes voilées de la tête aux pieds, si c¹est une délégation d¹un pays révolutionnaire les mêmes femmes sont présentées mais cette fois avec des fusils Kalachnikov et ainsi de suite», a ajouté M. Bouh.
Il existe, selon l¹intervenant, trois sortes de populations dans les camps de Tindouf, des sahraouis algériens, les personnes qui ont été forcées de quitter le Sahara et ceux qui se trouvent dans le Camp d¹Aousserd, lequel n¹a été créé qu¹en 1987 par un ramassage de Touaregs du Mali touchés par la sécheresse.
Sur le plan humanitaire, le «polisario» instrumentalise la misère de ces gens pour engranger le maximum de fonds, a-t-il ajouté. Pour ce faire, il tient un double discours vis-à-vis des institutions humanitaires. C¹est ainsi qu¹il a toujours soutenu auprès du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) que les populations dans les camps s¹élèvent à 165.000 personnes mais pour le vote lors de l¹opération d¹identification, il met en avant le recensement espagnol de 75.000 personnes.
M. Bouh est revenu, lors de cette rencontre, sur la genèse de la création du «polisario», soulignant que ses membres fondateurs sont tous les fils de membres de l¹Armée de Libération dont le père du dénommée Mohamed Abdelaziz, actuellement membre du Conseil Royal Consultatif des Affaires Sahariennes (CORCAS), une instance représentative de toutes les tribus, toutes les catégories sociales et les ONGs sahraouies.
Il a aussi rappelé que le «polisario» ne représente pas tous les Sahraouis.
«En effet, la grande majorité vit au Maroc, a-t-il expliqué, relevant que même les résolutions de l¹ONU s¹adressent aux sahraouis et non au +polisario+».
Mme Hajbouha Zoubeir, membre du CORCAS et présidente de l¹Association des Femmes entrepreneurs pour le développement, basée à Laâyoune, a, pour sa part, évoqué les souffrances des familles déchirées par la séparation, dénonçant l¹interruption, depuis mars dernier, par le «polisario» du programme d¹échange de visites mis en place sous l¹égide du HCR.
Elle a par ailleurs mis l¹accent sur les actions menées par la société civile pour faire avancer les choses notamment en matière des droits humains ce qui n¹est pas le cas dans les camps de Tindouf, un territoire verrouillé où règne la pensée unique et où les populations sont victimes d¹exactions, d¹injustices, de brimades et d¹intimidations sans qu¹elles puissent se défendre.
L¹intervenante a également attiré l¹attention sur la situation des enfants dont 580 ont été déportés à Cuba et ne peuvent revoir leurs familles qu¹au bout de dix ans. Ils souffrent d¹énormes problèmes psychologiques à leur retour, a-t-elle affirmé.
Elle a aussi rappelé que des prisonniers ont été libérés mais aucune information n¹a été fournie, à ce jour, sur les disparus.