L’ex-Premier ministre pakistanais et leader de l’opposition Benazir Bhutto a été tuée jeudi dans un attentat suicide qui a fait au moins 16 autres morts, à l’issue d’un meeting électoral dans la banlieue d’Islamabad, à deux semaines des législatives. Les intégristes musulmans.
«Selon nos informations, elle est décédée, un fragment de la bombe l’a apparemment touchée», a annoncé le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Javed Cheema.
Elle avait été transportée blessée à l’hôpital, avait assuré peu avant à l’AFP un responsable de son parti.
L’attentat a été perpétré à Rawalpindi, une grande ville qui jouxte la capitale pakistanaise. Immédiatement après le drame, plusieurs corps déchiquetés jonchaient la route, a témoigné un journaliste de l’AFP sur place.
Au moins 16 personnes ont été tuées, ont assuré plusieurs officiers de police sur les lieux, avant que ne soit annoncé le décès de Mme Bhutto.
«Un kamikaze a fait exploser la bombe qu’il portait sur lui alors que les gens quittaient le meeting», a précisé Javed Cheema.
En réaction à cet attentat, l’ex-Pemier ministre pakistanais Nawaz Sharif a promis jeudi aux Pakistanais de «mener leur guerre» après la mort, dans un attentat suicide, de Benazir Bhutto
La démocratie visée
Les Etats-Unis ont condamné jeudi l’attentat qui a coûté la vie à l’ex-Premier ministre pakistanais Benazir Bhutto.
«Nous condamnons bien sûr cet attentat qui montre qu’il y a des gens là-bas qui essayent d’interrompre la construction d’une démocratie au Pakistan», a-t-il déclaré à l’AFP.
Le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner a exprimé de son côté sa «très grande émotion» et condamné fermement «l’acte odieux» qui a coûté la vie à l’ex-Premier ministre pakistanais Benazir Bhutto, a déclaré jeudi son ministère.
La Russie également «condamne fermement» l’attentat suicide qui a coûté jeudi la vie à l’ex-Premier ministre pakistanais Benazir Bhutto, a déclaré la diplomatie russe citée par les agences russes.
«Nous condamnons fermement cet attentat, présentons nos condoléances aux proches de Benazir Bhutto et espérons que la direction du Pakistan va réussir à prendre les mesures nécessaires pour assurer la stabilité dans le pays», a indiqué le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Mikhaïl Kamynine cité par l’agence Interfax.
Ce drame est le dernier d’une série record d’attentats suicide dans l’histoire du Pakistan, qui ont fait plus de 780 morts en 2017.
Le plus meurtrier, pour l’heure, avait déjà visé une manifestation du parti de Mme Bhutto: le 18 octobre, deux kamikazes avaient tué 139 personnes dans un gigantesque défilé de sympathisants qui célébraient, à Karachi, la grande ville du sud, le retour de l’ex-Premier ministre après six années d’exil.
Mme Bhutto avait réchappé du double attentat parce qu’elle se trouvait à l’intérieur d’un camion blindé en tête du défilé.
Depuis lors, les autorités ont multiplié les avertissements, assurant que des informations «précises» permettaient de penser que les terroristes islamistes voulaient attenter à sa vie.
Après l’attentat du 18 octobre, Mme Bhutto avait accusé à plusieurs reprises des «hauts responsables» proches du pouvoir et des membres des services de renseignements d’être à l’origine de cette attaque, sans jamais le prouver.
L’ex-Premier ministre dirigeait le principal parti de l’opposition au président Pervez Musharraf, le Parti du Peuple Pakistanais (PPP) depuis qu’elle lui avait tourné le dos début novembre après avoir négocié, dans un premier temps, un accord de partage du pouvoir qui lui avait permis de rentrer d’exil grâce à une amnistie mettant un terme à des poursuites pour corruption du temps où elle dirigeait le pays (1988-1990 et 1993-1996).
C’est précisément en invoquant notamment la menace terroriste islamiste que M. Musharraf avait instauré l’état d’urgence le 3 novembre. Après quelques jours de tergiversations, Mme Bhutto avait mis un terme à ses négociations avec le chef de l’Etat pour un partage du pouvoir dans la perspective des élections législatives et provinciales prévues pour le 8 janvier et était entrée dans l’opposition.
Face à la pression intense de la communauté internationale et de l’opposition, M. Musharraf, qui a été réélu pour un second mandat le 6 octobre par les assemblées sortantes, avait finalement levé l’état d’urgence le 15 décembre et promis de tout faire pour assurer la sécurité de la campagne électorale et des opérations de vote.
Mme Butto menait campagne contre M. Musharraf mais surtout contre les fondamentalistes musulmans, en promettant d’»éliminer la menace islamiste» du pays.