Au lendemain du plus grand « concert mondialisé » contre la pauvreté qui a fait danser la planète, les organisateurs de l’opération Live 8 se tournent vers le sommet des pays les plus riches qui se tiendra cette semaine en Ecosse pour savoir si les bonnes paroles se traduiront en actes concrets.
Plus d’un million de personnes sont venues écouter samedi une belle brochette d’artistes, de Tokyo à Philadelphie en passant par Johannesbourg, Versailles et Hyde Park à Londres, pour exiger du G8 qu’il efface la dette de l’Afrique et accroisse son aide au développement. Le plus spectaculaire des dix concerts aura certainement eu lieu à Londres où, sur la pelouse de Hyde Park, Paul Mc Cartney et Bono (U2) ont accueilli par une reprise de « Sergeant Pepper’s » les 200.000 spectateurs. Le plateau prestigieux présenté par Londres annonçait en outre U2, Madonna, Coldplay et Pink Floyd, reformé pour l’occasion.
« On ne vous demande pas de mettre la main à la poche, mais on demande aux gens de lever le poing en l’air », a déclaré Bono.
Les premières notes de ce « concert mondialisé » avaient été jouées dans la matinée à Tokyo par le groupe rock nippon Rize, devant une maigre assistance estimée à 5.000 personnes, avant que la chanteuse islandaise Björk ne double ce chiffre et ne lance véritablement la manifestation.
Bob Geldof avait déjà organisé en 1985 le « Live Aid », concert de charité destiné alors à recueillir des fonds pour les victimes de la famine en Ethiopie. « Le Mahatma Gandhi a libéré un continent. Martin Luther King a libéré un peuple. Nelson Mandela a libéré un pays. Ça marche! Ils (les dirigeants du G8) vont écouter! », a lancé à la foule Bob Geldof à Londres. Au concert de Johannesburg, qui a rassemblé dans les 10.000 personnes (bien loin des 40.000 attendus), l’ancien prisonnier politique et ancien président sud-africain Nelson Mandela lui a répondu comme en écho: « Vaincre la pauvreté n’est pas un geste de charité. C’est un acte de justice. C’est la préservation d’un droit de l’homme fondamental ».
Contrairement à 1985, il ne s’agit pas cette année de récolter directement des fonds mais de faire pression sur les pays les plus industrialisés du monde avant le sommet du G8, qui va se tenir du 6 au 8 juillet à Gleneagles en Ecosse.
Parallèlement à ces concerts a eu lieu à Edimbourg une des plus grandes manifestations jamais organisées en Ecosse, puisque policiers et organisateurs s’accordaient sur le chiffre de 200.000 participants. Leurs revendications étaient les mêmes que celles des rockstars à l’affiche dans les dix villes: annuler la dette des pays pauvres, notamment africains, doubler l’aide au développement et ouvrir un accès plus large aux marchés occidentaux. Les organisateurs ont tablé sur une mobilisation sans commune mesure dans le monde entier, n’hésitant pas à parler de plusieurs milliards de téléspectateurs, et ont résumé l’équation en quelques mots: plus l’audience sera large, moins les dirigeants du G8 pourront l’ignorer. « Dix concerts, 100 artistes, un million de spectateurs, deux milliards de téléspectateurs et un seul message: que ces huit hommes, réunis dans une pièce, empêchent 30.000 enfants de mourir chaque jour en raison de l’extrême pauvreté », résume le manifeste du Live 8.
En France, c’est le site de Versailles qui a été retenu et une trentaine d’artistes devaient s’y produire, dont Placebo, The Cure, Dido ou encore Yannick Noah, Florent Pagny et Calogero. Le coup d’envoi a été donné par le rappeur Passi. La police a dit que le chiffre des 100.000 personnes attendues avait été dépassé. A Moscou, les Pet Shop Boys étaient les têtes d’affiche sur la place Rouge tandis qu’à Berlin, 150.000 personnes se sont rassemblées autour de la « Colonne de la victoire », au Tiergarten, pour écouter notamment le groupe de rock Die Toten Hosen. Live 8 était aussi organisé à Rome, au Cirque Maxime, là où, dans l’Antiquité, se disputaient les cours de chars.
A Philadelphie aux Etats-Unis, l’acteur Will Smith a déclaré à une foule immense : « C’est le plus grand événement qui ait jamais eu lieu sur cette planète ».
A Barrie près de Toronto (Canada), 35.000 personnes ont répondu présentes.